Qu'est-ce que le trauma ?

70 % des adultes ont vécu un événement potentiellement traumatique. Pour autant, la notion de trauma est régulièrement mal comprise et de nombreuses personnes pensent ne pas être concernées par ce sujet, pourtant universel. 

Vous êtes-vous déjà demandé si vos réactions, vos blocages, vos angoisses ou votre manière de voir le monde n’étaient pas tant des facettes de votre personnalité, mais plutôt le fruit des empreintes de trauma encore actives dans votre système nerveux ?

C’est ce que nous allons aborder ensemble dans cet article dans lequel vous allez découvrir ce qu’est vraiment le trauma, pourquoi ce sujet vous concerne même si vous pensez n’avoir rien vécu de grave, et surtout comment en guérir afin que vous puissiez un équilibre émotionnel durable, mais aussi la liberté d’aller librement vers vos projets. 

Comment définir un trauma, quelle est la différence entre trauma et traumatisme ? 

Est-ce que vous avez déjà ressenti une angoisse ou une peur soudaines, sans vraiment comprendre pourquoi ?

Je vous demande cela parce que l’un de mes clients, qui avait pourtant une belle réussite professionnelle et financière, me racontait qu’à chaque fois qu’il recevait un courrier recommandé il se trouvait pris d’une panique irrationnelle. Bouffées de chaleur, emballement du rythme cardiaque, jambes “en coton” comme s’il pouvait s’écrouler à chaque instant ; sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit pour trouver l’apaisement, cette chose aussi anodine qu’un courrier lui faisait complètement perdre contact avec la réalité, le laissant dominé par des pensées dignes d’un scénario catastrophe, comme s’il était sur le point de tout perdre. Il finissait souvent par demander à sa femme d’ouvrir le courrier pour lui, car il ne s’en sentait pas capable.

Et ce qu’a vécu mon client est ce que vivent des millions de personnes à chaque instant : une réalité corporelle, c’est-à-dire des sensations, des émotions ou des pensées qui ne correspondent pas à la réalité de ce qui se passe et surtout, qui nous dépassent et nous empêchent d’agir de manière réfléchie et contrôlée. 

Et c’est exactement là qu’on commence à comprendre ce qu’est le trauma. Le trauma, ce n’est pas l’événement. C’est l’empreinte qu’il a laissée dans le corps, et qui se réactive à d’autres moments de la vie. 

Pour reprendre l’exemple de mon client,  nous avons  découvert que cette réaction venait de loin : lorsqu’il était enfant, ses parents avaient une situation financière assez précaire et il y avait régulièrement au courrier des lettre recommandées à cause de factures impayées,  des menaces de saisie d’huissiers, et ce stress, cette anxiété de la mauvaise nouvelle qui vient menacer l’équilibre du foyer, s’est intégré en lui au niveau du système nerveux.

Et c’est donc ce stress, qu’on appelle le trauma, qui se réactivait à chaque fois qu’il recevait une lettre recommandée, ce qu’on a pu heureusement régler ensemble grâce aux pratiques d’intelligence neuro-somatique. 

Le trauma est donc la mémoire physique d’un stress ou d’une succession de stress, qui va se réactiver à différents moments de la vie. Et quand on parle de stress, il ne faut pas tout de suite envisager l’accident ou l'agression. En réalité, toute situation dans laquelle notre cerveau a perçu que nos besoins n’étaient pas comblés, dont nos besoins émotionnels, est en soi un stress. Donc le déni émotionnel, le rejet, la sensation de ne jamais être assez bien, ou le fait d'avoir des parents trop absents ou émotionnellement distants : tout ceci est générateur de stress et peut être générateur de trauma. 

En langue française, le trauma est tout simplement l'abréviation du terme traumatisme. 

Quels sont les types de trauma ?

En Intelligence Neuro-Somatique© nous présentons quatre types de trauma : 

• Le trauma aigu, qui est un incident unique (par exemple un accident, une humiliation unique, une agression…).
• Le trauma chronique, qui est un trauma de répétition, lorsqu’un stress continu et répété se produit dans l’enfance (mais aussi plus tard à l'âge adulte).
• Le trauma complexe, qui est le trauma du lien et se forme lorsque nos besoins émotionnels, nos besoins de connexion n’ont pas été comblés pendant l’enfance et que, par adaptation du système nerveux, cela crée dans le moment présent une incapacité de se réguler et à intégrer les expériences de la vie .
• Et puis le trauma structurel qui est une notion plus vaste dans laquelle nous incluons tous ces stress imposés par l’extérieur, et qui deviennent des stress intérieurs. Ce peut être le trauma systémique de par votre couleur de peau ou la taille de votre corps ; le trauma institutionnel, politique, les préjugés, le système médical etc.

Comment se forme le trauma ? 

Chaque situation de la vie peut laisser une empreinte indélébile en vous, un trauma, qui est véritablement une expérience universelle orchestrée par la perception unique de chaque cerveau. Et c’est cette analyse cérébrale subjective qui explique pourquoi un certain événement vécu par les mêmes personnes aura pourtant un retentissement différent chez chacune d’elles : c’est là que va s’exprimer la spécificité de votre système nerveux, et sa propre capacité de résilience.

Le stress fait partie intégrante de la vie, mais nous avons tous une manière différente de le traiter. Lorsque vos ressources intérieures sont suffisantes ou que vous avez les outils nécessaires pour permettre à votre système nerveux une bonne intégration émotionnelle, vous vivez tout autant de situations stressantes que les autres, mais vous avez aussi la capacité d’en traiter les émotions, de les dépasser et de revenir à vous-même, à ce qu’on appelle un état parasympathique de calme, de repos et de régénération.

Mais lorsque vous n’avez pas les outils qu’il faut, ou pas les ressources, ou pas la capacité parce que vous êtes un enfant et que vous ne possédez ni la maturité ni les clés intérieures adéquates, la charge émotionnelle de ce que vous traversez ne peut pas être libérée, et votre corps va en garder l’empreinte.

Pourquoi le corps ? Parce que c’est le temple de l’expérimentation humaine. C’est dans votre corps que vous ressentez les émotions. Comment savez-vous que vous êtes fatigué ? Que vous avez peur ? Que vous êtes anxieux ? Ou même fatigué ? Tout simplement parce que vous êtes traversé par une certaine sensation corporelle, que votre cerveau traduit en émotion. 

Rappelons aussi que pour créer nos pensées, nos croyances, notre niveau d’énergie ou même notre prochaine réaction, le cerveau se base à 80% sur ce qui se passe dans notre corps, c’est dire l’importance de la sphère somatique dans notre manière d’être et de vivre. 

Pour revenir à notre trauma, si le stress n’est pas libéré il va s’imprimer dans le corps et le cerveau va devoir s’adapter pour que l’on puisse survivre malgré tout au stress infligé. S’adapter c’est changer nos comportements, nos réactions, notre manière de voir la vie, pour essayer de limiter le stress.

Par exemple, vous pouvez avoir un trauma lié à des parents très exigeants et, en conséquence, devenir une personne perfectionniste. Anxieuse. A essayer de toujours faire plaisir aux autres. A vous mettre une pression folle. A être beaucoup dans votre tête pour ne pas ressentir le stress dans le corps. Tous ces éléments sont des adaptations du système nerveux pour vivre malgré le trauma. C’est le trauma qui vous guide.

Et parce que l’on parle davantage de personnalité que de système nerveux, on peut avoir du mal à interpréter nos réactions comme des réponses traumatiques, alors que c’est bien ce qu’elles sont. Ceci est la raison pour laquelle beaucoup de personnes ont l’impression d’avoir eu une enfance normale ou de ne rien avoir vécu de foncièrement traumatisant, mais sont pourtant épuisées, en manque de sommeil, bloquées dans des schémas qui se répètent, en proie à l’anxiété, ou complètement addicts au travail etc. C’est parce que leurs trauma les ont façonnées ainsi et qu’elles se sont adaptées. Tout ça est inconscient. Mais le trauma est véritablement le filtre au travers duquel vous voyez, ressentez et expérimentez la vie.

Comment guérir de ses trauma ? 

J’aimerais commencer par dire que j’ai beaucoup de respect pour les thérapies de parole ; néanmoins le fait de ressasser un évènement encore et toujours ne vous permettra pas de guérir le trauma, puisqu’il ne se situe pas dans la tête, mais dans le corps. 

Vous pouvez en parler, l’analyser, le décortiquer… et pourtant, revivre encore et encore les mêmes réactions. Comprendre ne suffit pas à créer une guérison complète.

 
La guérison du trauma repose sur le fait de pouvoir véritablement ressentir autrement. C’est permettre au corps de compléter le cycle du stress, pour pouvoir se remettre dans une dynamique de mouvement et changer l’histoire qui se joue dans le corps, orchestrée par le cerveau. Car le trauma est un espace de non-temps : vous avez avancé et pourtant votre corps, lui, est toujours dans le passé. Pour le ramener au présent, la guérison du trauma passe donc par la régulation du système nerveux. 

C’est là que l’intelligence neuro-somatique fait toute la différence puisque, contrairement à d’autres méthodes comme le somatic experiencing par exemple, nous ne trouvons pas utile d’amener nos clients à ressentir dans leur corps les sensations que leur cerveau ne veut pas qu’ils ressentent : ce type de méthodes peut aider certaines personnes, mais aussi aggraver les manifestations de stress. Nous préférons travailler avec ce qui est là aujourd’hui, en apprenant à réguler, à libérer, à redonner au corps ce qu’il n’a pas eu sur le moment, c’est-à-dire un espace sécurisé pour traverser, digérer et relâcher.

Lorsque tout ceci devient possible nous retrouvons enfin la capacité de sortir de nos réactions automatiques créées par le trauma, puisque nous nous reconnectons avec une sensation de sécurité, porteuse d’espoir et de croissance.